Gestion de classe et sciences cognitives

Limiter la présence d’un distracteur dans nos salles de classes

Retour d’expérience

pédagogie

lundi 24 juin 2024 , par Adeline BEAUD

Professeur expérimentateur : Adeline BEAUD

 Situation initiale

Les téléphones portables prennent de plus en plus de place dans le quotidien de nos élèves : consultation d’emploi du temps, des changements de salles, des enseignants absents, la publication d’une note… et cela sans prendre en compte les notifications personnelles de chacun.e encore plus nombreuses.

Régulièrement ils sont capables de le sortir et le consulter sans même se rendre compte qu’ils sont dans une salle de classe, lieu où les règles sont différentes. Ces consultations de notifications, même brèves, les placent dans une situation dite de double tâche (ou d’attention partagée). L’élève doit répartir son attention entre la tâche principale, c’est-à-dire le cours, et la tâche secondaire : la notification du téléphone ; ce qui limite assez logiquement la performance. Le téléphone portable est considéré comme un distracteur externe qui met sans arrêt à l’épreuve le système d’inhibition du cerveau (encore non mature chez les adolescents).

 Proposition d’action

Former les élèves à prendre le contrôle sur cet objet (qui, par ailleurs, peut être considéré comme un outil formidable) est la démarche la plus pertinente. Il s’agit de leur montrer que désactiver les notifications ou mettre le téléphone loin de soi lorsqu’on travaille sont des moyens efficaces d’éviter de s’exposer à cette source de distraction.

En classe, plutôt que de faire la « chasse aux téléphones » pendant les heures de cours, faisons prendre conscience aux élèves que le téléphone est un distracteur qui perturbe les apprentissages. Sur sa chaîne « Cerveau et apprentissage », Steve Masson, chercheur en neurosciences, a publié une vidéo « Éviter les sources de distraction : le téléphone » qui présente des données issues de la recherche scientifique à propos des effets délétères du téléphone portable sur la réussite à des tests. Les graphiques des résultats obtenus peuvent être présentés et expliqués en classe.

Paramètres liés à l’attention et aux apprentissages en fonction de la localisation du smartphone
Histogrammes : plus le smartphone est éloigné, plus le score est élevé (dans le bon sens)


Dépendance au smartphone en fonction de sa localisation
Graphiques : plus le smartphone est éloigné, plus le score évalué est élevé (moindre dépendance).

Vidéo de Steve Masson

L’idée est donc de faire prendre conscience aux élèves de la nature de distracteur du téléphone portable et de leur proposer de vérifier ces graphiques sur le terrain (donc en classe).

 Mise en place

  • Fichier de cartes à imprimer et plastifier :
Gabarit pour fiches numérotées
  • Une boîte ou un carton avec des intercalaires numérotés :
Boîte avec fiches numérotées

Source : http://rangetonportable.fr/decouvrez-la-phone-box-range-portable-college-lycee/

Lors de l’entrée en classe, chaque élève échange son téléphone avec une carte plastifiée. Cette carte est nécessaire à la restitution du téléphone en fin de séance qui se fait sous surveillance de l’enseignant.

Portables rangés dans une boîte

 Retour sur expérience et point de vigilance

  • Les élèves pour lesquels la dépendance au téléphone est forte ne souhaitent plus revenir en arrière et demandent le maintien de cette pratique.
  • Les élèves pour lesquels la dépendance n’est pas importante disent que ce système ne change pas réellement leurs habitudes.
  • La plupart acquièrent même une souplesse avec cette pratique : ils arrivent à aller chercher leur téléphone pour prendre en photo une production et le remettre en place au cours de la séance.
  • Il est nécessaire d’avoir un soutien de son administration dans cette pratique, car la règle devient plus rigide : le téléphone doit être dans la boite ou non présent dans la séance, sous peine d’application des sanctions prévues par le règlement intérieur de l’établissement.

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