Des nuages de mots pour travailler la méthode de l’exercice 1 de spécialité SVT du baccalauréat Des critères de choix d’un outil numérique

L’analyse du sujet est un moment clé de l’exercice 1 de l’épreuve de spécialité SVT au baccalauréat. Bien définir et délimiter la question est ce qui va permettre de trier et organiser les connaissances.
Les nuages de mots permettent de travailler cette étape importante avec les groupes d’élèves, de manière collaborative, collective mais en tenant compte des idées de chaque élève.

Mais il convient de se poser quelques questions avant de décider d’utiliser un outil numérique. Au-delà de l’exemple des nuages de mots, cet article se propose d’illustrer des étapes du processus de choix d’un outil numérique.

Professeur

Bruno BOUCHER, au lycée Camille Claudel, Vauréal (95)

Caractéristiques de la séquence

LIAISON AVEC LE PROGRAMME
Niveaux concernés Spécialités de Première et Terminale
PLACE DANS LA PROGRESSION
En présentation de la méthodologie de l’exercice 1 ou en remédiation après un devoir.
MOTIVATION
Ici l’expérimentation a été réalisée après le premier devoir sur table réalisé dans les conditions réelles et pour lequel il est apparu que les limites du sujet ont souvent été mal posées.
NOTIONS, SAVOIR-FAIRE, compétences
Dans le BO spécial n°2 du 13 février 2020, l’exercice 1 est décrit ainsi :
« Dans cette première partie de l’épreuve écrite, le candidat rédige un texte argumenté répondant à la question scientifique posée. Le questionnement peut être accompagné d’un ou plusieurs documents. L’exercice permet d’évaluer la capacité du candidat à mobiliser des connaissances, à les organiser et à les exposer avec la syntaxe, le vocabulaire scientifique et tout mode de communication scientifique approprié. Il appuie son exposé et argumente ses propos à partir d’expériences, d’observations, d’exemples éventuellement issus du ou des documents proposés dans le sujet. »

Les annales zéro proposaient une grille d’évaluation avec comme critères de référence :

  • Logique et complétude de la construction du texte par rapport à la question posée ;
  • Exactitude et complétude des connaissances à mobiliser dans les champs disciplinaires concernés (sciences de la vie et/ou sciences de la Terre) ;
  • Pertinence, complétude et exactitude des arguments nécessaires pour étayer l’exposé (principes ou exemples d’expériences, observations, situations concrètes… éventuellement issus du ou des documents proposés) ;
  • Qualité de l’exposé (syntaxe, vocabulaire scientifique, clarté de tout mode de communication scientifique approprié).



Les parties mises en exergue sont celles qu’on se propose ici de travailler, relatives à la mobilisation des connaissances pertinentes en relation avec la question posée.

Cadre de référence des compétences numériques (CRCN)
  • Évoluer dans un environnement numérique

Déroulement de la séquence

ACTIVITÉ
Durée : 25 minutes Coût : 0 euros Sécurité : RAS
Outils numériques et ressources
Des outils en ligne permettent de créer un nuage de mots de manière collaborative.
Un lien est envoyé aux participants, qui leur permet de saisir des mots ou expressions. Le résultat s’affiche sous la forme d’un nuage de mots dont où la taille d’un mot est proportionnelle au nombre de fois où il est proposé.

  • Answergarden
    Capture d’écran d’Answergarden


    Plusieurs modes sont proposés. J’ai utilisé le mode Classroom.

    Modes d’Answergarden



Déroulement détaillé

La séance venait en correction du premier devoir sur table de type Exercice 1.
Le sujet donné était le suivant :

Montrer qu’une mutation sur un gène donné peut avoir ou non une conséquence sur la protéine en vous appuyant sur l’exemple d’une séquence de 15 nucléotides de votre choix.

Ce sujet est accompagné d’un tableau du code génétique comme document d’aide.

En pratique dans les copies les élèves ont souvent fait du hors sujet, notamment en mentionnant la différence entre mutations somatiques et germinales. J’ai donc voulu revenir sur le moment d’analyse du sujet.
Pour cela j’ai décomposé l’analyse en une série de questions successives à se poser. Chaque question était accompagné d’un QR code renvoyant vers un nuage de mots answergaden. Les élèves répondaient sur leurs téléphones personnels mais pouvaient aussi répondre sur les ordinateurs de la salle.

Digiscreen pour animer la séance

Contrairement à la capture d’écran ci-dessus, les questions étaient dévoilées une à une et les résultats discutés au fur et à mesure.

Capture d’écran d’Answergarden, annotée avec le TNI

Analyse réflexive et alternatives

Utiliser ou pas Answergarden ?

Voici une proposition d’arbre de décision sur l’utilisation d’un outil numérique.

Un arbre de décision

Essayons de l’appliquer dans ce cas.

ANALYSE ET ÉVALUATION DU DISPOSITIF
Y-a-t-il des plus-values ? La même activité aurait pu être réalisée sans plateforme, sous forme d’un questionnaire individuel donné aux élèves puis dépouillé par le professeur avant discussion.
Le passage par la plateforme permet un net gain de temps avec une interaction immédiate et évite un travail fastidieux au professeur.

La taille des mots proportionnelle au nombre de fois où il a été proposé permet de voir rapidement et de discuter ce qui est partagé par le plus grand nombre.
Capture d’écran d’Answergarden


Dans le modèle SAMR, on se situe ici au niveau d’une nette amélioration de la tâche grâce au numérique.


Voir : la spirale de la e-education par D. Séchet

Y a-t-il des difficultés ajoutées ?
  • J’ai pu percevoir qu’à trop décomposer, l’exercice finit par être répétitif et lassant pour les élèves



  • Il peut arriver que le passage par une plateforme complique le travail de l’enseignant et/ou des élèves, par exemple lorsque l’interface présente une certaine complexité. Cela peut alors représenter un investissement de temps important pour l’enseignant et demander un accompagnement pour les élèves.



Voir Construire des usages numériques pédagogiques raisonnés par D. Séchet

L’interface d’Answergarden est assez simple, en particulier du côté élèves où il n’y a qu’un champ de texte à compléter et un bouton Submit.
(On peut choisir de faire voir ou non aux participants le nuage de mots qui se construit).

En pratique la seule précision qu’il a fallu apporter était qu’il ne faut proposer les mots qu’un par un.

  • Les élèves n’étant pas authentifiés, ils peuvent avoir la tentation de s’amuser, ce qui n’a pas manqué de se produire.
    Capture d’écran d’Answergarden



Il est toutefois possible de choisir un mode avec modération, mais cela ajoute une latence dans la séance.

Modes d’Answergarden
Et le RGPD ? Malgré son adresse en .ch, l’extension pour Firefox Flagfox indique un serveur aux Etats-Unis, ce qui n’augure pas d’un respect du RGPD.
D’ailleurs à l’ouverture aucune fenêtre ne s’ouvre pour demander une quelconque autorisation.

Informations données par Flagfox sur la page d’Answergarden (1)
Informations données par Flagfox sur la page d’Answergarden (2)


Or l’extension Privacy Badger semble indiquer que des cookies sont bien déposés, dans les noms desquels on reconnaît des noms bien connus.

Capture d’écran de Privacy Badger sur la page d’Answergarden



Ainsi même si les élèves ne saisissent pas leurs noms, nous ne sommes pas dans le respect du RGPD.
Une inscription au registre et une autorisation des parents sont donc nécessaires.

Par ailleurs la présence de publicité est pour le moins gênante.

Je ne recommanderais donc pas l’utilisation d’Answergarden.

Connaissez-vous le Fingerprinting ?
« 
Le fingerprinting, ou « prise d’empreinte » est une technique probabiliste visant à identifier un utilisateur de façon unique sur un site web ou une application mobile en utilisant les caractéristiques techniques de son navigateur.

Le matériel dont se sert l’utilisateur pour se connecter fournit un certain nombre d’informations au serveur, par exemple la taille de l’écran ou le système d’exploitation. Ces informations, si elles sont suffisamment nombreuses, peuvent permettre distinguer les individus entre eux et de les suivre de manière similaire aux cookies. Les mécanismes de gestion ou blocage des cookies ne permettent pas de s’opposer à cette technique : il faut mobiliser d’autres techniques peu accessibles (comme une extension qui modifie aléatoirement les paramètres transmis par le navigateur).
 »
Source : CNIL
Des alternatives ? L’appli Digistormde La Digitale permet de créer des nuages de mots, sans déposer de cookies.
Interface de Digistorm



Wooclap le permet aussi, avec un serveur hébergé en France.

Interface de Wooclap


Wooclap permettra aussi de centraliser tous les nuages de mots dans une seul "évènement", donc un partage plus facile.



Exemple dans Wooclap avec un sujet sur la synthèse des protéines



On pourra donc préférer ces applications en ligne.

Partager

Imprimer cette page (impression du contenu de la page)