L’expédition "Leopard Cave - Namibie 2015" Des professeurs de SVT de l’académie partent en expédition avec le MNHN

Depuis plusieurs années les chercheurs du MNHN, David Pleurdeau et Florent Detroit, animent et mènent un projet sur le terrain en Namibie, de recherche archéologique et anthropologique pluridisciplinaire. Deux enseignants de SVT de l’académie, Jean- Claude Vasseur et Olivier Enderlin, professeurs-relais au MNHN, vont participer à l’expédition de l’automne 2015, en qualité de correspondants pédagogiques.

Le BLOG de l’expédition Le projet scientifique Le projet pédagogique

Le projet scientifique

Depuis quelques années, une équipe pluridisciplinaire franco-namibienne mène des recherches archéologiques dans le massif de l’Erongo, au centre-ouest de la Namibie. Nées d’une collaboration entre le National Museum of Namibia (NMN) et le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), ces recherches ont notamment permis la découverte d’un site majeur, Leopard Cave.

Les premières campagnes de sondages et prélèvements de cet abri sous roche ont tout d’abord permis d’estimer le potentiel archéologique du site, puis de mettre au jour une succession de niveaux d’occupation humaine du Later Stone Age.

En effet, le mobilier découvert comprend un large panel d’outils en pierre et en os et d’éléments de parure, en association avec de nombreux ossements d’animaux sauvages très fragmentés. Le remplissage sédimentaire est composé d’un mélange de sédiments arénitiques et de cendres d’origine anthropique. Parmi le corpus faunique, quelques ossements de caprinés ont été découverts. Parmi eux, deux dents issues des niveaux intermédiaires ont été datés directement par AMS. Les âges obtenus ont révélés qu’il s’agissait des plus anciens restes d’animaux domestiques de toute l’Afrique australe, il y a -2300 ans BC.

Ces découvertes ont permis d’alimenter de manière significative le vif débat sur les modalités d’arrivée des pratiques d’élevage et/ou des premiers éleveurs dans cette région.

Sans permettre de souscrire à l’une (migration des populations éleveurs proto-KhoeKhoe) ou l’autre (diffusion culturelle au sein des populations chasseurs-cueilleurs autochtones) des hypothèses, les caprinés de Leopard Cave ont néanmoins permis d’argumenter en faveur d’une Western Route, le long de la côte atlantique, de cette arrivée des premiers éleveurs ou animaux domestiques (certaines études génétiques appuyant une zone source en Afrique de l’Est).

Lors des dernières campagnes en 2012, puis 2014, le sondage, puis la fouille d’espaces situés en avant de la grotte, où potentiellement ces animaux avaient pu être parqués, ont permis la mise au jour d’une quinzaine de restes humains, brûlés et portant des marques anthropiques (cut-marks). Un des restes a fait l’objet d’une double datation radiocarbone directe (sur matière organique brûlé et sur la fraction minérale). Les deux âges obtenus en décembre 2013 sont cohérents entre eux et font état d’une “crémation” datant d’environ 6000 ans BP. Ces éléments, dont la fouille se poursuit, documentent ainsi des pratiques funéraires inédites des populations pré-pastorales de la région.

Les niveaux fouillés en 2014 à l’intérieur de l’abri révèlent des occupations potentiellement contemporaines des restes humains exhumés à l’avant de la grotte. Les datations de ces niveaux seront un élément fondamental pour éventuellement pouvoir corréler ces deux zones d’occupations humaines.

Par ailleurs, une étude physico-chimique des pigments composant les nombreuses peintures rupestres de la région vient de débuter en vue de leur caractérisation et de leur préservation. Elle visera notamment à essayer d’établir un contexte archéologique aux représentations graphiques présentes dans l’abri de Leopard Cave. En effet, l’analyse comparée des pigments présents sur la paroi avec ceux découverts in situ dans les niveaux excavés sera entreprise, avec toutes les précautions liées à ce patrimoine.

Ce projet de recherche bénéficie depuis 2014 d’une allocation de recherche du MAEDI français et d’un soutien logistique du National Heritage Council of Namibia. Il s’inscrit aussi résolument dans une volonté de renforcer les capacités namibiennes de formation universitaire à et par la recherche. Chaque année, depuis 2007, des étudiants namibiens participent aux travaux de terrain, notamment dans le cadre de Summer School organisées entre 2008 et 2011. Deux étudiantes namibiennes ayant participé aux fouilles ont, depuis, poursuivi un cursus de master au MNHN, grâce à des bourses du gouvernement français et du programme européen Erasmus Mundus. Elles effectuent actuellement un doctorat en Europe. Une convention de coopération est également en cours d’élaboration entre le MNHN et l’University of Namibia (UNAM). De surcroît, une étudiante du Botswana vient d’achever son Master au MNHN sur l’archéobotanique de Leopard Cave.

Le projet pédagogique

La mission du professeur relais du MNHN est justement d’assurer le relais entre les structures de recherche du muséum et le public désigné, les enseignants des trois académies, Paris Créteil Versailles et, plus largement, à travers la plate-forme d’enseignement à distance, les enseignants du pays. Or la recherche au MNHN passe fréquemment par un travail de terrain qui permet de donner la matière au travail de laboratoire.

C’est pour cela que ces professeurs relais ont participé aux grandes expéditions de la « planète revisitée », pour rendre compte du travail de terrain de sa grandeur et de ses servitudes, auprès de leurs collègues enseignants du primaire et du secondaire.
Ils ont pour cela développé des moyens de communication : blogs et sites dédiés, comme celui de la planète revisitée en y produisant des billets quotidiens racontant, de manière illustrée le travail des chercheurs et techniciens.
Ils ont aussi produit de nombreux rushes filmés qui ont été utilisés pour les différentes présentations sur les sites de la planète revisitée et même par des chaines de télévision nationale (France3).

Par ailleurs la coopération avec l’académie de Versailles est mise en place. Françoise Ribola, IA-IPR de SVT, a permis la venue de ces professeurs-relais à toutes les réunions pédagogiques plénières des professeurs de SVT de l’académie pour faciliter la mise en place de projets pédagogiques interdisciplinaires (classes PEAC) autour des expéditions scientifiques du muséum et de la biodiversité .

Un exemple de coopération entre les structures de recherche et éducatives a été mené , pour illustrer les possibilités : avec une chercheuse spécialiste des Crustacés du MNHN , Laure Corbari qui est très impliquée dans des missions de terrain, avec la primatologue Shelly Massi. Toutes deux sont venues animer une journée « expédition scientifique » en décembre au Lycée JP Vernant de Sèvres , journée très riche en échanges et prises de contact entre les élèves et ces chercheurs pour la réalisation de nombreux projets élèves dans le cadre des travaux personnels encadrés (TPE) notamment.

Aujourd’hui, l’académie de Versailles est prête à s’engager davantage dans ce genre de projets en accordant aux enseignants professeurs relais de l’académie des facilités de remplacement (professeurs remplaçants) pour quelques semaines.

Un échange avec Françoise Ribola a fait émerger un manque et une demande dans le domaine de la paléoanthropologie et l’archéologie pour illustrer de manière pratique et soutenir les cours de SVT, entre autres en terminale mais aussi en Philosophie (le propre de l’homme) et générer des projets interdisciplinaires comme ceux actuellement conduits et développés dans le domaine de la biodiversité.

Un travail de construction d’un volet pédagogique spécifique sur la plate-forme du muséum comme de nouveaux blogs dédiés sur le sujet n’attendent plus que leurs créateurs et leur création.
Des échanges menés avec Florent Détroit et David Pleurdeau montrent leur envie et leur volonté de voir associé un volet pédagogique à leurs expéditions.

Enfin, après de longs mois de gestation le projet a pris corps et grâce à la bonne volonté des acteurs institutionnels, Monsieur le Recteur de l’Académie de Versailles, Pierre-Yves Duwoye, son Secrétaire Général, Monsieur Philippe Diaz, le Délégué académique à l’éducation artistique et à l’action culturelle, conseiller du recteur, Monsieur Alain Moget, la Conseillère du Recteur pour les risques majeurs et Conseillère pour la Culture scientifique et technique Madame Delphine Jourdin , le Directeur de la DEPF au MNHN (Muséum national d’ Histoire Naturelle) Monsieur François Semah, la coordinatrice du Pôle Formation des enseignants du second degré au Muséum national d’histoire naturelle, Mademoiselle Emilie Detouillon, l’ IPR-IA de SVT, Madame Françoise Ribola. Mille mercis à eux tous , ce projet, au départ un peu improbable n’aurait jamais existé sans leur soutien et leur confiance. Un Merci particulier à Emilie, Delphine et bien sûr Françoise qui par leur enthousiasme pour ce projet leur confiance tranquille et leur engagement à nos côtés ont rendue possible cette aventure. A nous d’en être digne, maintenant.

Donc nous partons sur le terrain, Olivier Enderlin et moi-même, Jean-Claude Vasseur, en Namibie et accompagnons la mission scientifique organisée par David Pleurdeau et Florent Détroit du
14 septembre au 13 octobre 2015.

Un suivi de l’expédition aura lieu quotidiennement par le biais d’un billet comportant des photographies qui alimentera le blog crée par Laurent Guerre, le webmaster du site SVT de l’académie de Versailles.

Nous resterons dans la mesure du possible en contact avec les enseignants de l’académie qui le souhaitent par le biais du logiciel « skipe » ou what’s app (si la transmission est possible à partir du site de recherche en pleine brousse, sinon, le soir, au lodge) et nous rentrerons avec les « valises » pleines de de documents, photos, films interwiews, enregistrements sonores des langues à clic etc.. ; de quoi constituer une mallette pédagogique.

Nous nous tiendrons, dans la mesure du possible, disponibles pour les enseignants qui le souhaiteraient pour venir dans les classes avec éventuellement la présence de chercheurs pour partager cette aventure.

Par ailleurs et dans un deuxième temps, un travail de fond sera réalisé sur le site de la plate-forme d’enseignement à distance du MNHN, qui enrichira le nouveau chapitre préhistoire qui est en train de se créer. Cette plate-forme est bien sûr à la disposition de tous et en particulier des enseignants.

Nous souhaitons, Olivier Enderlin et moi-même que les enseignants de l’académie de Versailles (et les autres) seront nombreux à nous accompagner dans cette aventure.

Voir en ligne : Le BLOG de l’expédition "Namibie 2015"

Partager

Imprimer cette page (impression du contenu de la page)